Trouver de la lumière

Je me souviens, enfant, avoir découvert un tunnel au fond du jardin. Une voûte de pierre, étroite et basse, qui s’étendait jusqu’à une tache de lumière lointaine.

Au début, je crois que je n’ai fait qu’y glisser le regard. Il y avait des tonnes de toiles d’araignées à l’entrée, et pour le reste, on n’y voyait rien, à part cette flaque de clarté intrigante et un peu effrayante. Et puis, j’ai fini par me lancer. Le cœur battant, munie d’un bâton pour déloger les fils poussiéreux que je croiserais, j’ai courbé le dos, et j’ai avancé lentement avec la ferme intention d’aller au bout du tunnel.

Je n’ai pas réussi dès ce premier essai. C’est loin tout ça, mais le souvenir de mes contorsions pour repartir en sens inverse, et plusieurs fois d’ailleurs, m’est encore très familier, des années plus tard.

Cela dit, je n’étais pas du genre à abandonner, un pays magique m’attendait peut-être de l’autre côté… J’y suis retournée, peut-être quelques heures après, ou quelques jours, peu importe. Toujours est-il qu’à un moment, la lumière vers laquelle je me dirigeais est apparue plus proche que celle que j’avais laissée derrière moi. Rebrousser chemin devenait alors hors de propos, malgré mon cœur qui battait, et la peur puissante qui m’habitait.

J’ai été déçue en arrivant. Ce n’était pas un passage vers un monde lointain comme je le rêvais, mais, ainsi que ma mère me l’a expliqué plus tard, une évacuation pour l’eau de la petite colline de calcaire qui surplombait le jardin. Il aboutissait à un semi-rectangle de murs de pierres qui me cernait, bien trop haut pour que je puisse m’y hisser.

Peu importe, comme on ne pouvait y accéder d’en haut, j’y ai longtemps caché une boite à bonbons que je venais dévorer à l’issue de chaque traversée du tunnel magique… Et surtout, je crois que ce que j’avais vécu, Ma Grande Aventure, a forgé en partie mon goût des grottes mystérieuses, de leur humidité froide, mais surtout, de la satisfaction d’y trouver de la lumière.